Un Seychellois devenu maître coranique arrêté à Moroni

Ce jeune homme de 27 ans a frappé l’un des responsables de l’école religieuse de M’dé, dont il voulait prendre la direction.

Une barbe de plusieurs centimètres, un bonnet et un boubou très court qui rappelle la tenue des intégristes musulmans… Les habitués des mosques de M’dé ou de Moroni le connaissent très bien. Il s’appelle Kevin Ernest Denis Victor mais a été rebaptisé Khalil Rahman pour son nom musulman, et il est de nationalité seychelloise. Il se trouve aux mains de la justice depuis 72 heures, placé en garde à vue pour avoir frappe violemment un maître d’école coranique du village de M’dé. Ce jeune homme de 27 ans à peine serait arrivé aux Comores par une voie que même la gendarmerie est incapable de situer.

“Il parait que c’est un bateau de trafiquants qui est tombé en panne au large de l’archipel. Les passagers ont été conduits jusqu’au port. Certains sont partis parce qu’ils avaient des papiers alors que lui est resté”, declare l’adjudant chef Bacar Ali, de la brigade de recherche de Moroni. Dans des circonstances pareilles, il aurait dû être reconduit dans les frontières. Mais par laxisme judiciaire, il est resté. Il s’est vite adapté à la vie comorienne. Sans famille ni connaissances, depuis une année, il a intégré les milieux comoriens en se convertissant à l’islam. Un chef religieux originaire de M’dé l’a renommé Khalil. Le Seychellois, que tout le monde le prend pour un Arabe par son comportement et son habillement, est inscrit par son “père” spirituel dans une école coranique dont il réclame aujourd’hui la direction.

“Il a intégré cette école islamique du village comme imam avec l’aide de son maître. Il y a un mois, il se déclare mufti. Donc, il veut diriger le collège”, explique le gendarme Ali Hila qui avait son dossier. C’est cette décision de vouloir diriger l’école qui le met en opposition avec les autres maîtres coraniques.

Poursuite dans la médina

Devant, la résistance des autres d’exécuter ses décisions, Khalil les chasse du collège. La rivalité entre eux est allée jusqu’au bout. Les chefs du collège se battent et l’un des profs de l’école coranique est blessé.

Aux mains de la justice pour répondre de cet acte, Khalil Rahman “est jugé pour flagrant délit. Après son audition, le substitut du Procureur décide de ne pas le détenir. Après que le gendarme qui était avec lui lui a signifié la décision, le suspect est parti. Mais au même moment la justice a changé d’avis. Elle a decide du maintien en détention”, relate l’adjudant chef Bacar Ali.

Ce revirement du Parquet est mal accueilli par le suspect. Lorsque le gendarme l’appelle pour le lui notifier, Khalil se met à courir. C’est après une course poursuite de quelques minutes qu’il est arrêté dans les ruelles de la médina moronienne. Sa comparution devant le parquet soulève quelques interrogations sur la vraie personnalité de Khalil. “Est-il réellement seychellois? N’est-il pas un espion qui a voulu s’infiltrer dans les milieux islamiques ? Pourquoi veut-il se mettre au sommet ?

Ce sont autant de questions qui se posent dans les milieux judiciaires. Son attitude de ces derniers jours, a amené certaines personnes à soupçonner un état de démence chez cet étrange jeune homme.

(Courtesy AA)

Seychelles Weekly, April 28, 2006